Le golf a son champion olympique. Xander Schauffele a remporté dimanche 1er août le tournoi olympique de golf. Auteur d’un ultime 67 dans une journée longtemps incertaine, l’Américain devance d’un coup le Slovaque Rory Sabbatini. Le Taïwanais C.T. Pan s’adjuge le bronze après un play-off de quatre trous.
Xander Schauffele se doutait que la dernière journée de ce tournoi olympique de golf serait intense. Il ne se doutait peut-être pas qu’elle serait à ce point incertain. Pourtant les choses s’engageaient parfaitement pour le 5e joueur mondial sur le Kasumigaseki Country Club. Quatre birdies sur ses neuf premiers trous, pas le moindre nuage à l’horizon. Mais la pression d’une médaille et de nombreux poursuivants se faisait intense.
Schauffele courbait peu à peu le dos jusqu’à concéder un bogey au 14. Il serait le jeu, parvenait à grappiller un birdie au 17 (court par 4), mais lâchait sa mise en jeu du 18 sur la droite dans un épais rough. Le sage recentrage était obligatoire et le coup de wedge suivant idéalement joué au-dessus du drapeau. Un ultime petit putt pour par était enquillé sans broncher. L’Américain (27 ans) totalement sous contrôle pouvait enfin sourire. Il devenait champion olympique.
« Je crois que c’est la plus grande victoire de ma carrière. J’ai encore du mal à me le dire. Mais je suis bien champion olympique »
Xander Schauffele
« Je suis encore sous le choc de cet ultime par au 18 pour gagner, expliquait Schauffele au recording. Cette fin de partie a été si stressante. J’ai tout fait pour rester le plus calme possible. Je crois que c’est la plus grande victoire de ma carrière. J’ai encore du mal à me le dire. Mais je suis bien champion olympique. C’est une sensation très spéciale pour nous les golfeurs qui n’ont pas encore forcément l’habitude de ces Jeux qui ne se disputent que tous les 4 ans. Mais rien que le fait de porter les couleurs de son pays et de le représenter au mieux, c’est incroyable. »
La sensation Sabbatini
Rory Sabbatini n’a fait qu’une bouchée de ses poursuivants ce dimanche. D’entrée, l’ex golfeur Sud-Africain, naturalisé slovaque depuis 2019, a donné le ton : birdies aux 1 et 2, birdie au 5, eagle au 6 (par 4) et birdie au 8. Une première erreur au 9 l’empêchait de passer l’aller encore plus bas. Particulièrement incisif, Sabbatini déroulait sur le retour. Quatre birdies en cinq trous du 10 au 14. Une petite bavure au 16 avant le final birdie-birdie aux 17 et 18.
Cette carte de 61 (-10, meilleur score de la semaine) propulsait le 204e joueur mondial tout en haut du leaderboard. Et patiemment, le septuple vainqueur sur le PGA Tour entre 2000 et 2011, attendait au club-house et se rendait vite compte que ce total de -17 allait être suffisant pour une médaille. Il fallait attendre pour en connaître le métal : l’argent. « C’est complètement fou. J’ai l’impression que cette médaille d’argent ne m’appartient pas, déclarait Sabbatini. Ce sport est complètement dingue. J’ai cherché à profiter au maximum de cette journée sans penser au résultat. J’ai pris énormément de plaisir et j’espère que ma médaille va inspirer de jeunes slovaques. »
C.T. Pan en bronze
Pas moins de sept joueurs se présentaient pour une prolongation inédite : celle de la médaille de bronze. C.T. Pan, Collin Morikawa, Mito Pereira, Sebastián Muñoz, Rory McIlroy, Hideki Matsuyama et Paul Casey ! Et après un premier trou de play-off, Hideki Matsuyama et Paul Casey étaient éliminés. Les cinq autres prétendants filaient au trou n°10 (par 3) sans s’y départager.
Au 11, seuls C.T. Pan et Collin Morikawa parvenaient à signer deux birdies suite à des coups de fer littéralement déposés au drapeau. Mito Pereira, Sebastián Muñoz, et Rory McIlroy sortaient bredouilles de la prolongation.
C’est finalement Pan Cheng-Tsung qui s’adjuge le bronze sur le quatrième trou de mort-subite. Le Taiwanais profitait d’un mauvais deuxième coup de Collin Morikawa au 18 (balle pluguée dans le bunker et bogey associé) et enquillait un long putt pour par synonyme de délivrance et de médaille de bronze.
Les français loin du compte
Romain Langasque s’est offert un ultime tour sous le par ce dimanche. Et ce 69 dominical n’était pourtant pas bien engagé. Les neuf premiers trous du Français manquaient d’inspiration et seul un bogey était à noter. C’est sur le retour que Romain a passé la vitesse supérieure : 3 birdies aux 11, 14 et 17 pour boucler cette première expérience olympique à -7 total en 36e position.
Antoine Rozner a lui aussi réussi à battre tout juste le tracé japonais. Son aller était contrasté (3 birdies contre 3 bogeys entre le 3 et le 8). Les neuf derniers trous furent plus calmes, le Parisien parvenant même à enquiller deux birdies aux 14 et 15 pour signer ce 70 final le plaçant au 45e rang à -4 total.
« Je suis globalement assez déçu de ma semaine, nous confiait Antoine Rozner. Je venais avec de bien plus grandes ambitions que ça. J’ai beaucoup joué ces derniers temps (5 tournois en 6 semaines), je ne pensais pas rentrer au British, mais ce n’est pas une excuse. Je n’étais pas dans une bonne semaine de golf. Ce tournoi restera quoi qu’il arrive une très belle expérience. J’ai vécu des moments inoubliables au cours de mes premiers Jeux. Le fait de jouer pour bien plus grand que des points, une dotation ou un classement, ça fait du bien. C’est incroyable de jouer pour son pays, c’est un peu un retour aux sources. Et dans ce sens, c’était une très belle semaine malgré mon résultat. Ça me donne envie de m’entraîner encore plus dur pour revenir plus fort à Paris en 2024. Être présent aux prochains Jeux et y chercher une médaille est clairement un objectif pour les trois années qui arrivent. »
Par Olivier Ducourtoix